La région en jeu (Argumentaire)

Propositions à débattre pour repenser l’organisation institutionnelle de l’EERV

La pertinence de l’Église dans la société contemporaine – sa mission et ses fonctions – ne va plus de soi. Nul hasard, dès lors, si les débats et réflexions à ce sujet se multiplient. L’organisation institutionnelle de l’EERV en fait partie : c’est en particulier le triple niveau paroisses – régions – canton (dans leur fonction respective et leur articulation réciproque) qui nous paraît devoir être questionné.

1. Une réorganisation nécessaire

1.1. Il faut convenir que le modèle de la paroisse territoriale est en crise. C’est l’échelon de l’EERV qui a été le plus marqué par l’évolution de la société, la pluralisation des lieux de vie et des réseaux d’appartenance, l’individualisation du croire, la sécularisation de la vie sociale et culturelle, y compris dans ses effets locaux, ainsi que par la pénurie ministérielle ; toute cela affecte l’Église dans son ensemble. Mais la paroisse étant le lieu traditionnel de la pastorale et de la vie communautaire, elle se retrouve la plus touchée.

1.2. Pour répondre aux défis susnommés, « Église à venir » a développé un lieu de coordination, d’émergence de nouvelles communautés et d’interaction avec la culture et la société à l’échelon d’une région. Force est toutefois de constater que, vingt ans plus tard, le modèle est grippé et n’a pas tenu toutes ses promesses : les paroisses se plaignent du manque d’autonomie et déplorent les régulières diminutions de leurs ressources humaines, tout en rencontrant des difficultés financières accrues et en constatant leur marginalisation au sein des communautés villageoises ou du tissu urbain ; les assemblées régionales sont souvent peu fréquentées et réduites à des chambres d’enregistrement ; les coordinateurs tendent à se muer en relais régionaux des services centraux et leur fonction – souvent administrative – n’a guère été pensée en termes ecclésiologiques ; les services communautaires en région sont souvent moribonds, peinent à fédérer et n’ont, sauf exceptions, pas réussi à rayonner au-delà des seules communautés paroissiales.

1.3. Face à ce tableau interpellant, des « états généraux » de l’Église paraissent nécessaires, afin de repenser sa mission au service de tous au sein d’une société sécularisée et traversée de spiritualités et de mouvements religieux aussi diffus que pluriels.

Le modèle presbytéro-synodal et sa traduction organisationnelle appellent une réflexion approfondie, en réponse aux questions suivantes :

2. Propositions quant aux spécificités de chacun des niveaux de l’EERV et quant à leur articulation réciproque

2.1. Niveau synodalo-cantonal

En termes de définition et de délimitation des responsabilités du niveau synodalo-cantonal, on retiendra les fonctions suivantes :

Dans les divers domaines ici touchés, il peut proposer aux régions et aux paroisses des services d’accompagnement ou de formation.

2.2. Niveau de la région

Il convient aujourd’hui de renforcer l’épaisseur ecclésiologique et institutionnelle de la région. Dans le cadre de la mission globale définie au niveau synodalo-cantonal, la région :

Au vu de l’ensemble de ces responsabilités qu’assument les régions, leurs assemblées auront un statut et des prérogatives nettement plus consistants qu’aujourd’hui.

2.3. Niveau des paroisses

Les paroisses ont indéniablement leur importance, mais s’inséreront dans le cadre de la mission d’ensemble décidée au niveau de la région ; dans ce cadre, elles assureront tout spécialement une pastorale de proximité et rayonneront à partir d’un lieu donné, sans exclusive de milieux et de publics touchés ou à toucher.

Selon les cas, notamment au vu de la grandeur de la région et de sa composition sociale, on pourra envisager des paroisses de types différents, alors annoncés et assumés comme tels ; on le fera, d’une part, en coordination et solidarité régionales, autant ecclésiale que financière, et, d’autre part, en veillant à ce qu’au niveau de l’ensemble de la région une diversité de styles de pastorale ou de tendances théologiques reste assurée.

Comité du mouvement Pertinence   

Rédaction : Simon Butticaz et Pierre Gisel (22 sept. 2018)