Quatre contributions de Jean-Denis
Kraege
Quelques réflexions ecclésiologiques
Vous trouverez dans ce dossier quelques éléments de
réflexion sur un certain nombre de problèmes que connaissent
actuellement les Eglises réformées.
- face à la centralisation et à une organisation
« up-down », tendance que l'on peut baptiser, pour faire
court, d'épiscopalisme, il importe de réaffirmer le principe
presbytéro-synodal
- face à la tentation inverse : le congrégationalisme,
la fermeture sur la communauté des purs, il faut défendre le multitudinisme
- face au cléricalisme, le remède est le recours au
sacerdoce
universel
Pourquoi ces trois têtes de chapitres ? Certes
d'autres problèmes existent dans nos Eglises. Il se trouve que ces
trois tentations font système :
- le cléricalisme et l'épiscopalisme vont de pair : là où
le pouvoir est entre les mains d'un petit groupe, la tendance à
imposer les décisions d'en haut est automatique et, à l'inverse, pour
imposer des décisions de la tête vers la base, il importe d'avoir des
relais fiables (via promesses de consécration, contrats de
travail, salaires...)
- un lien d'un autre genre existe entre épiscopalisme et
congrégationalisme : ils s'opposent radicalement de sorte qu'un
regain de centralisation engendre une volonté de décentralisation et
vice versa
- puisque le presbytéro-synodalisme permet de contrer
l'épiscopalisme, il permet aussi de contrer le congrégationalisme
- le multitudinisme étant un baume contre le
congrégationalisme, il permet également de lutter contre la pensée
unique et le religieusement correct imposés par l'épiscopalisme
- le multitudinisme et le presbytéro-synodalisme
vont positivement de pair : une Eglise ouverte au monde et donc
reconnaissant la légitimité de diverses tendances en son sein ne
peut ni se recroqueviller sur la communauté des purs, ni accepter
quelque unification que ce soit par le haut ; inversement, une
Eglise où de potentielles tensions sont reconnues légitimes entre
niveau paroissial (régional) et cantonal ne peut que tolérer
l'existence de tendances diverses en son sein
- le sacerdoce universel étant un rempart contre
le cléricalisme, il en sera également un contre le centralisme
épiscopalien
- le système presbytéro-synodal ne va pas sans
reconnaissance du sacerdoce universel
- le pluralisme multitudiniste est impliqué par
le sacerdoce universel, les prêtres que nous sommes tous ayant
nécessairement des opinions divergentes sur un certain nombre de
sujets...